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lundi 27 octobre 2014

Soufisme & art


Soufisme

& art

Pour sa vingtième édition, le Festival des musiques sacrées de Fès s’est distingué cette année par sa thématique particulière : Le cantique des oiseaux d’Attar. Ce chef d’œuvre de la littérature soufie a été récemment traduit par Leili Anvar. Pour célébrer la culture soufie en même temps que le Festival de Fès, notre chère amie Amina Masnaoui, directrice de la Librairie Porte d’Anfa a sélectionné pour vous les plus beaux titres sur le soufisme parus en langue française. Vous trouverez aussi en exclusivité dans sa librairie mon beau livre « Sur les pas d’Ibn Arabî », dont l’édition est épuisée, suite à son succès mondial. Un collector unique donc, dans un coffret raffiné de grand luxe comportant mon ouvrage accompagné d’un de mes tableaux réalisé spécialement à cette intention. Un cadeau exceptionnel à faire ou à se faire. Dans le même esprit, Amina vous proposera un exemplaire unique également de mon beau livre « Leur Maroc, regard d’écrivains, artistes, voyageurs venus d’ailleurs » -collector lui aussi-  une luxueuse édition reliée avec un tableau de l’artiste ! Pour esthètes exclusivement.

dimanche 26 octobre 2014

L’Hemingway Room à Marrakech

Marrakech

L’Hemingway Room

Marrakech, ma ville depuis plus de vingt ans ! Je l’ai vue grandir, évoluer, se métamorphoser. On y trouve toutes les ambiances, tous les styles ! Si comme moi vous aimez les rythmes latinos –ah comme j’ai dansé la salsa, la bachata et le meringué- vous trouverez votre bonheur au nouveau Cuban Cigar Club, j’ai nommé l'Hemingway Room. Soirées dansantes les lundis et jeudis, et des cours pour ceux et celles qui veulent apprendre avec Ricardo le Péruvien. Tout à la fois bar à tapas, after work de 18 à 21 heures dans une ambiance lounge, l’Hemingway Club est aussi un restaurant où Clemence, la directrice, propose des plats exotiques, latinos et internationaux. En plein cœur du Guéliz, 4 rue Badre, ouvert tous les jours jusqu’à deux heures du matin. Si vous avez raté la dernière fiesta avec le chanteur David Bacci qui y a présenté son album « Globe trotter », soyez à l’affut, la prochaine soirée salsa est pour bientôt  !

Ecole des Beaux-arts à Casablanca

Casablanca
Ecole des Beaux-arts
Vous connaissez mon intérêt personnel pour l’art et le monde des artistes. Cela fait des années que je soutiens et défends la culture. Peut-être avez-vous assisté en mai 2014 au sit-in des étudiants et lauréats de l'Ecole supérieure des beaux arts de Casablanca  sur le boulevard Rachidi ?  Ils dénonçaient la non-reconnaissance de leurs diplômes décernés par l’EBA, fondée en 1956, ainsi que de leur statut d’étudiants. Alors que l'Etat reconnaît par exemple ceux de l'Institut national des beaux-arts (INBA) de Tétouan, qui permettent aux étudiants d'accéder au deuxième cycle de l'enseignement supérieur depuis 2011. Certes, l’école de Tétouan a acquis au fil des décennies une grande réputation, mais pourquoi le courant artistique casablancais n’aurait-il pas lui aussi une intente notoriété, alors que l’EBA est un vivier de réels talents. Il suffit d’assister aux portes ouvertes une fois l’an pour s’en rendre compte. Soutenons donc les étudiants de l’EBA, afin que le slogan « Le Maroc des arts et des cultures » soit aussi une réalité.

Galerie Anna Kaona à Casablanca

Casablanca
La galerie Anna Kaona
Une nouvelle galerie à Casablanca, c’est toujours un événement ! Depuis quelques mois au CIL, Fathia Elaouni a ouvert  « Chez Anna Kaona », tout près de l’école Saint-Dominique, 19, rue Ras El Ma (tel : 06 61 43 30 60. Du mardi au samedi de 14h30 à 19h). C’est un concept comme je les aime. Vous pénétrez au rez-de-chaussée avec l’impression d’être invité chez des amis, dans leur demeure design et cosy. Sauf que tout est à vendre. Sympa, n’est-ce pas ? Le superbe canapé d’Abdessamad ferait bien chez vous ? Emportez-le ! Vous allez craquer pour les meubles des années 40 et 60 revisités par Fayza. Vous verriez si bien dans votre living les créations du très talentueux Daniel Oiknine, alors n’hésitez pas, d’autant que les prix sont raisonnables. Vous ferez plein de trouvailles chez Anna Kaona : lampes-bibliothèques, vaisselle en céramique, linge de maison tissé à l’ancienne par le maâllem tangerois Abdessalam, sacs à main... Beaucoup de petits cadeaux à faire aussi, le temps d’un café dans le jardin, où vous admirerez la salle à manger « Fond de l’océan » d’Ali el Jirari en rêvant de la voir dans votre villa de Oualidia.

vendredi 15 août 2014

Diana la Libanaise & Zad le Marocain



C’était il y a quinze ans déjà. Une somptueuse soirée au Palmeraie Golf Palace dont je garde un souvenir extraordinaire. Le directeur de la restauration   Noureddine Ourhdach avait concocté un repas sublime, inoubliable. Depuis, ce cher Noureddine a continué à faire son chemin et officie désormais aux Jardins de la Palmeraie. Je n’oublierai jamais le sorbet aux figues maison ! L’événement était le concert de Diana Haddad, que je rencontrai à cette occasion pour la première fois. Je fus sous le charme tout de suite de cette voix, de ce magnétisme communicatif et je suivis sa carrière de loin en loin. Jusqu’à ces dernières semaines où j’ai eu le plaisir de découvrir « La fiesta », le nouveau clip de la chanteuse libanaise en darija, tourné à Marrakech ! Un beau succès non seulement au Maroc bien sûr mais aussi dans tout le Maghreb et le Moyen-Orient. C’est au label Yein et au producteur marocain Zad, né à Beni-Mellal, que nous devons ce privilège. Il lui a fallu beaucoup de tact et de volonté pour persuader la diva, ainsi que cinq mois de travail pour composer « La fiesta ». Bravo Zad ! Et merci Diana, pour ce beau cadeau…

mardi 12 août 2014

Marrakech Ouverture du Café Clock



Après le succès qu’il connaît à Fès, le Café Clock s’installe dans la ville ocre, dans le quartier de la Kasbah. Bien plus qu’un simple café, le Clock se veut un lieu de rencontres, de dialogues, d’échanges, de lecture, d’interactivité entre les habitants et les touristes autant britanniques qu’étrangers. Ce Café anglophone est un véritable carrefour culturel où sont organisés des ateliers de danse, de cuisine, de calligraphie et de yoga. Il vient d’être inauguré en présence d’un grand nombre d’artistes, d’intellectuels et de représentants de la communauté britannique à Marrakech. A cette occasion Clive Alderton, l’ambassadeur britannique au Maroc a déclaré : « Le Maroc et la Grande Bretagne partagent, du fait d’être deux royaumes séculaires, plusieurs points communs en matière d’habitudes culturelles. De ce fait, je suis ravi de découvrir qu’en plus du restaurant, le café permet aussi d’offrir aux clients la possibilité de profiter d’une ambiance particulière. Surtout par l’art de la narration, la halka, considéré comme un héritage marocain ancestral ».
 

dimanche 10 août 2014

Salé : Shems'y, l’école du cirque



Tout d’abord projet social à l’intention des enfants défavorisés, Shems’y  connaît une telle réussite qu’il est devenu l’Ecole nationale du cirque du Maroc. Cela fait presque vingt ans que les remparts de l'ancienne cité de Salé abritent le chapiteau de Shems'y face à l'océan. Son directeur, Alain Laëron, explique qu’il s'agissait au départ d'une simple association dont le but était de donner aux enfants en difficulté l’envie de « vivre ensemble » et « de leur redonner goût à la vie avec des thématiques artistiques », notamment l'acrobatie, une tradition ancestrale au Maroc. En 2009, le projet, piloté par l’Amesip, Association marocaine d'aide aux enfants en situation précaire, décroche l'agrément de l'Etat. Il peut dès lors délivrer  un diplôme à la fin de la formation de cinq années. Chaque promotion est composée de 15 jeunes de moins de 25 ans, sélectionnés parmi des centaines de candidats. Un tremplin pour une carrière internationale !

dimanche 3 août 2014

Les Rencontres artistiques euro-méditerranéennes de Sidi Moumen

Ma première visite à Sidi Moumen fut lors de la présentation de son premier roman au siège local de la Fondation Orient-Occident dirigée par l’auteure, Yasmina Filali. Le public m’impressionna par sa qualité, son intérêt passionné et le débat qui s’engagea, suivi d’un moment musical animé par des artistes sub-sahariens. Quand la culture devient un trait d’union ! C’est aussi à Sidi Moumen que, du 23 avril au 2 mai, le Théâtre Nomade a organisé sous son chapiteau la deuxième Rencontre artistique euro-méditerranéenne. Cet événement a rassemblé, outre  l’équipe du Théâtre Nomade, la Compagnie française Rara Woulib, et des artistes marocains, venus à la rencontre des jeunes du quartier.  «Les rencontres artistiques euro-méditerranéennes», soutenues et financées par la Fondation Anna Lindh, dont le Président est M. André Azoulay, accompagnement la création artistique. Elles visent à encourager le transfert de savoir-faire, le partage d’expérience, la coopération transnationale et le dialogue interculturel. Les participants à ces rencontres bénéficieront en tout de quatre stages. Trois ont lieu à Casablanca, et un en France, à Marseille. Le but est une création finale qui rapprochera les deux cultures européenne et maghrébine. Une occasion pour les jeunes de découvrir et d’approfondir leurs connaissances sur l’ingénierie du spectacle dans les espaces publics, la mise en scène, la mise en espace, la discipline du cirque aérien, ainsi dans le domaine musical. Cette belle initiative prouve que la culture est accessible à tous, pour peu que l’on s’en donne la peine.  Dont acte. 

mardi 29 avril 2014

Hommage à Régine Deforges Entretien

DR
Hommage à Régine Deforges

J’étais encore étudiant quand je débutais dans le journalisme. Je me souviens avec émotion de mes premiers grands entretiens : des écrivains. Hector Bianciotti, qui devait entrer à l’Académie française, Jean-Marie Pelt, fondateur de l’Institut Européen d’Ecologie et Régine Deforges, que j’admirais particulièrement. Je me rendis ce jour-là dans son petit appartement, niché sous les toits de Saint-Germain des Près, là où elle aimait écrire. Elle fut émue par le bouquet de fleurs derrière lequel je me cachais. Sympathique, souriante, sincère, telle était cette grande dame des lettres, entre Colette et George Sand. Ses nombreux best-sellers ne font pas oublier qu’elle milita ardemment pour la cause féminine et aussi contre toutes les injustices..
Qui n’a pas lu sa « Bicyclette bleue », un des plus grands succès de l’édition française, une saga dont elle avait publié en 2007 le dixième volume « Et quand viendra la fin du voyage... » Une histoire éditée chez Ramsay commencée en 1981 et librement inspirée par « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell. Transposée en 1942. Régine Deforges poursuit alors les aventures de ses héros, Léa et François, sous l'Occupation allemande. Les trois premiers titres, traduits dans une vingtaine de langues, se vendent à sept millions d'exemplaires ! Elle fait de nombreuses recherches dans la presse de l'époque, recueille des témoignages... entraîne ses personnages dans la guerre d'Indochine, puis dans le conflit algérien. Le procès pour plagiat intenté par les héritiers de Margaret Mitchell durera dix ans. La romancière sera finalement acquittée. Une très grande icône de la littérature nous a quittés. Hommage.

Qui est Dieu pour vous ? C’est une question que, d’ordinaire, on ne pose qu’aux théologiens, aux mystiques, aux ecclésiastiques ou aux militants laïcs déclarés. Pourquoi la réserver à des « spécialistes » ? Je l’ai posée à quelques personnalités connues pour de tout autres motifs. Résultat : une série d’entretiens sans fard, passionnants. Lors de ma rencontre avec Régine Deforges, l’auteure se confia à cœur ouvert. Au cours de cette conversation à bâtons rompus, nous avons souvent évoqué Dieu. Je ne résiste pas au bonheur de vous faire partager ses propos lumineux.

Régine Deforges : « Partout, à tout moment, Il vit avec moi »

Dans son roman « Sous le ciel de Novgorod », Régine Deforges ressuscite Anne de Kiev, princesse de Russie partie de son pays pour aller se marier avec le roi Henri de France en 1051. Cette superbe fresque historique, qui a les couleurs et la ferveur des icônes, réveille les cœurs les plus las : « Regarde autour de toi, tout ici est l’œuvre du divin Créateur… Dieu est partout, l’air que nous respirons est chargé de Son amour », dit un ermite retiré au sein de la forêt. Dieu, chez Régine Deforges, l’éditrice sulfureuse qui naguère déchaînait la chronique par la publication d’œuvres érotiques ? L’auteur de la « Bicyclette bleue », qui est aussi mère de trois enfants, a donc une âme ! Intrigué, je lui ai demandé si elle voulait bien en parler avec moi. Voici le compte-rendu de notre conversation, un jour de printemps.

Dans votre roman, j’ai très souvent senti la présence de Dieu. Votre héroïne, Anne de Kiev, prie beaucoup. Qui est Dieu pour vous ?

Quelque chose en moi se révolte contre l’existence de Dieu. Une autre part de moi l’admet, s’en entoure. J’ai un combat perpétuel entre ces deux notions. Je pense certaines fois qu’à l’origine Dieu était une invention charitable des hommes, qui a pu être dévoyée au fil des siècles. Certains se sont servis de cette idée pour opprimer davantage les hommes. La prière est présente dans le roman parce que le XIème siècle, comme tout le Moyen-âge, est une période très religieuse, où la présence de Dieu n’est pas mise en doute, même s’il a des hérésies, des interrogations. François Mauriac a dit : « Il n’est pas nécessaire de croire pour prier. » Je fais partie de ces gens qui prient, comme ça, constamment. Quand les choses sont bonnes, je remercie Dieu de me les avoir envoyées, et quand elles sont mauvaises, surtout quand je vois le monde aller comme il va, j’aurais plutôt tendance à l’insulter ! Ce n’est pas tout d’une pièce !

Vous croyez d’un côté, vous ne croyez pas de l’autre.

Je pense que beaucoup sont dans la même situation. Pour les neuf dixièmes des gens qui font baptiser leur enfant, ce n’est qu’un acte social. Mes trois enfants ne sont pas baptisés, mais je les ai tenus informés. Mon fils, qui est historien, est passionné d’histoire religieuse.
On trouve beaucoup de références à Dieu dans votre livre. Vous citez « L’Apocalypse », de saint Jean…
C’est un de mes textes de référence. Je ne connais pas de livre plus étonnant. C’est un livre magique, au sens fort du terme. Je lisais « L’Apocalypse » à mes enfants quand ils étaient petits. J’en ai fait un livre de dessins (édité chez Ramsay).

Dans votre roman, l’amour d’Anne transcende les obligations de l’époque : veuve du roi, elle se remarie. Elle fait des choses que la société trouve choquantes et, en même temps, elle est dans le vrai. Sa croyance en Dieu est très pure.

C’est quelqu’un de très simple. A cette époque, les modes de pensée n’étaient pas du tout les mêmes que maintenant. Ils ont une foi simple, qui me touche énormément. C’est celle que je préfère, la foi du Moyen-âge. Une foi très enfantine… La simplicité est la clef de beaucoup de choses. Si les gens étaient plus simples, ils seraient davantage à l’écoute de leurs semblables, de leurs corps, de la terre, des saisons. C’est vrai que nous vivons maintenant dans des villes, où il y a des écrans entre l’être humain, la nature et le Divin. Ce sont des choses très pernicieuses, comme la télévision. Par le biais d’images, on accepte l’inacceptable. Il y a un sadisme qui s’est développé. Nous sommes tous responsables.

Est-ce dû à un « déclin » de la foi ?

Je ne peux pas savoir… Au nom de Dieu, c’est fou que qu’on a pu commettre d’abominations. C’est pour cela que les rapports de l’homme avec Dieu ne sont pas des rapports clairs. Quand j’étais enfant, vers douze ans, j’avais une très grande exigence vis-à-vis de l’Eglise. Je voulais pour les serviteurs de Dieu une rigueur de comportement que je ne trouvais pas chez les religieuses ou les prêtres qui s’occupaient de nous.

Est-ce que le Dieu de votre enfance est le même pour vous aujourd’hui ?

Oui, j’ai conservé avec lui un rapport très enfantin. Je me rends compte que si je prie, je prie de la même 
façon que quand j’étais petite.

Avez-vous déjà rencontré Dieu ?

Non, je ne dirais pas ça. L’idée de Dieu est présente partout… Dans la terre, dans les arbres. Je suis très sensible à la nature, à ses manifestations. C’est une façon de sentir le monde. Par moments, on peut avoir l’impression que Dieu existe parce qu’on se sent vivre, tout simplement. Ce sont des moments très agréables : se sentir vivre, bouger. Le mal qu’a fait l’Eglise pendant des années, ça a été la contrainte du corps. Si nous sommes des créatures de Dieu, le corps en fait partie : il doit manifester le plaisir qu’il éprouve à vivre pour témoigner de l’existence de Dieu.

Agissez-vous dans la vie en fonction de vos rapports avec Dieu ?

J’essaie de ne pas faire de tort à mon prochain, de me conduire le plus honnêtement au sens moral du terme. Je ne crois pas que Dieu ait grand-chose à faire de ça. Mais c’est vis-à-vis de moi-même. C’est une question d’honneur. Un jour quelqu’un m’a dit cette phrase superbe : « L’honneur, c’est l’idée qu’on a de soi. »

Est-ce que Dieu vous aide ?

Il m’aide autant que les gens qui ont vécu avant moi. Si on admet que Dieu est en chacun de nous, oui… Il y a plein de choses qu’on ignore du fonctionnement du monde, de l’esprit, de l’âme, et je crois qu’il faut être très réceptif, très humble, ne pas avoir des idées toutes faites sur tout : être en état d’ouverture, être en état d’abandon entre les mains de Dieu -C’est Bossuet qui le dit- être en état d’abandon, c’est-à-dire de réceptivité, d’écoute, que ce soit de l’autre, que ce soit du monde, que ce soit de Dieu, que ce soit quand vous écrivez… Je suis humble quand j’écris. Je guette.

Pourtant, quand vous écrivez, vous êtes Dieu : vous créez des personnages qui vivent.

Je n’aurais pas cette outrecuidance. Je crée comme tout créateur, comme tout artiste, mais on crée avec ceux qui nous ont précédés. Dieu, s’Il existe, est à l’origine de tout. Nous, nous sommes un maillon de la chaîne, un grain de sable. Ce qui touche à la religion m’intéresse. Peut-être qu’un jour, j’écrirai moi-même une histoire sur un ordre religieux. Je trouve que les fondateurs, les saint Benoît, saint Dominique, Thérèse d’Avila ont une démarche intellectuelle et spirituelle passionnante.

Dieu est-il d’actualité ?

Je vais vous répondre par une boutade : Dieu est de toute éternité. Les rapports avec Dieu, actuellement, ne sont plus très intéressants, peut-être parce que la foi n’est plus pure et qu’il n’y a plus suffisamment de candeur, de sincérité tout simplement. Il y a des gens qui se disent chrétiens et croyants et qui portent la mesquinerie et la petitesse d’esprit sur leur visage. Je me dis que ça ne devrait pas être comme ça ! Je suis peut-être trop exigeante.



jeudi 10 avril 2014

Art contemporain Marrakech Zbel Manifesto

Biennale de Marrakech

 « Z'bel Manifesto » 


Il s’en est passé des choses durant la Biennale de Marrakech ! Alors que la capitale du Sud n’est pas au point avec sa gestion des déchets, le collectif « Z’bel Manifesto » s’est mis en tête de dénoncer le gaspillage de notre société de consommation. Une occasion idéale pour sensibiliser aussi bien les particuliers que les institutionnels. Othman Zine, Ghizlane Salhi, Katia Salhi et Saad Alam, les quatre artistes qui constituent ce collectif, ont réalisé une installation, un parcours coloré, ludique dans quatre pièces, « Pimp up my garbage » ? Avez-vous traversé le couloir avec les bouteilles en plastique suspendues ? Avez-vous vu le « salon » avec ses meubles de récup’, canapé et table basse, recouverts de détritus Un véritable labyrinthe de déchets de toutes sortes qui nous incite à réfléchir sur tous les objets que nous utilisons au quotidien, les emballages inutiles. Une réflexion que vous retrouvez chaque mois dans la rubrique de Citadine, « Sauvons la planète ». Car l’enjeu est bien réel : il s’agit de préserver notre avenir, et surtout celui de nos enfants. Quel monde allons-nous leur léguer demain ? Un débat vital. J’aime quand l’expression artistique est aussi un engagement social, civique. Bravo donc au collectif « Z’bel Manisto » !

Maroc Prix littérature Femme

Prix « Littérature femme »
Naïma Lahbil Tagemaouti, Prix « Découverte »

De Naïma Lahbil Tagemouati j’avais beaucoup apprécié l’essai « Dialogue en médina » sur la ville de Fès, paru en 2011 aux éditions le Fennec. Professeur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès, l’auteure est une spécialiste de la ville sur laquelle elle a déjà publié de nombreux articles et livres. « La liste » est son premier roman. Dans la vie d’un écrivain, c’est un événement, comme la naissance d’un enfant ! Cette fois-ci, Naïma Lahbil Tagemouati entraîne ses lecteurs à Casablanca. Fatima, mère de famille, cherche désespérément à quitter son bidonville. Bouchta l’architecte doit procéder au relogement. Leurs destins vont-ils se croiser ? Une chronique de Casablanca où la petite histoire se mêle à la grande. Présidé cette année par Catherine Enjolet et Tahar Ben Jelloun, le jury du Prix «Littérature Femme », dont Fouad Laroui, Emmanuelle de Boysson, Catherine Ceylac et Driss C Jaydane,  a distingué cet ouvrage parmi les sept sélectionnés. « La liste » a donc reçu le Prix « Découverte », le Prix « Littérature » étant attribué à la journaliste Bouthaïna Azami pour «Au café des faits divers».  Décidemment, après les parutions de Bahaa Trabelsi et de Driss C Jaydane, 2014 est un très bon cru sur le plan littéraire !


La ferme pédagogique de Rabat

Rabat

La ferme pédagogique


Il y a quelque temps, je vous présentais le zoo de Rabat, inauguré par SA Le Prince Héritier Moulay Hassan. Je suis heureux aujourd’hui de vous annoncer l’extension de la ferme pédagogique de ce beau jardin zoologique. Cela permettra aux plus jeunes de pratiquer de nouvelles activités éducatives et d’avoir une meilleure approche de l’environnement. L’occasion de leur apprendre le respect de la nature, faune et flore. Un respect de plus en plus vital sur notre planète qui se meurt de pollution. Emmenez donc sans tarder vos enfants découvrir les nouveaux enclos qui abritent les dromadaires, les lamas, les alpagas, les daims, les vaches, les chèvres, les moutons et les poneys. Et aussi les volières et leurs merveilleux oiseaux multicolores. Vous suivrez les sentiers permettant d’approcher les animaux. Une façon de voir et de comprendre la vie quotidienne d’une ferme, tels que la traite et la tonte. Que nos chers petits sachent que le lait n’est pas une uniquement une boisson en pack qu’on achète au supermarché ! Sur cinq hectares, la ferme pédagogique offre également des aires de jeux pour nos bambins entre 5 et 12 ans. Une très belle réalisation. A quand la même chose pour le zoo d’Aïn Sebaa, à Casablanca, afin que nos petits Casablancais puissent eux aussi profiter de ce bel espace en attente d’une rénovation complète ?

Art et psychanalyse : Matisse

Art et psychanalyse
Matisse

Comme vous le savez, il se passe toujours quelque chose à la Villa des Arts, que ce soit Rabat ou Casablanca ! Conférences, concerts, théâtre, cinéma, ces lieux sont incontournables de la vie intellectuelle marocaine.  Ainsi la rencontre organisée par la Fondation ONA sur le thème « Art et psychanalyse » avec Monssef Sedki Alaoui et Saad Belgnaoui à Rabat au mois de mars. Comme vous le savez, Matisse (1869-1954) est l’un de mes peintres préférés, tant pour son œuvre que sa personnalité et sa grande humanité. Mon hommage à cet immense artiste, au Musée de Marrakech, a été à ma grande joie, très apprécié. Dans le livre d’or de l’exposition, ce mot : « Ma grand-mère a posé pour Matisse. Merci pour le très bel hommage que vous lui rendez. » Ce débat à la Villa des Arts a mis tout particulièrement en valeur l’œuvre de Matisse qui disait : «Le choix de mes couleurs ne repose sur aucune théorie scientifique mais plutôt sur l’expérience de ma sensibilité » alors qu’il était l’éclaireur du  «Fauvisme».  Une  sensibilité que cet artiste-voyageur enrichit encore par sa découverte du Maroc et du « bleu du ciel marocain ».

Les peintures de Winston Churchill et de Hassan El-Glaoui à La Mamounia

Marrakech, la Mamounia

De Winston Churchill à Hassan El-Glaoui


Les happy few de la planète ont tous séjourné à la Mamounia, à un moment ou à un autre. Havre de paix, oasis enchantée avec son parc aux oliviers centenaires, la Mamounia est le palace des vacances de mon enfance. Aurais-je tant écrit sur le Maroc si je n’avais pas eu ces souvenirs ? Sir Winston Churchill, l’ancien Premier ministre britannique aimait se ressourcer et peindre dans les jardins de l’hôtel. Dans la suite dédiée à celui qui voyait dans le Maroc une « source d’inspiration », son chapeau, la boîte contenant ses fameux cigares… une présence toujours palpable. Sa rencontre avec le peintre Hassan El-Glaoui fut décisive car ce fut Churchill qui convainquit le père d’El-Glaoui d’inscrire son fils à l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris. S’ensuivit la  prodigieuse carrière d’El-Glaoui. En 1935, Churchill peignit un coucher de soleil, depuis le balcon de la Mamounia.  Cette œuvre a été vendue à New York lors d’une vente aux enchères en 2008 pour 350 000 dollars. Il y a deux ans, le Musée de Leighton House de Londres réunissait vingt-quatre toiles des deux artistes pour une passionnante confrontation entre les deux cultures. Aujourd’hui, pour la première fois au Maroc, La Mamounia présente une collection unique de huit œuvres de Sir Winston Churchill et dix-sept de Hassan El-Glaoui, un vibrant hommage à voir absolument.

Marrakech et Esther Freud

Marrakech selon Esther Freud


Marrakech au fil des siècles a été un passage obligé pour une grande partie de l’intelligentsia mondiale.  Artistes, musiciens, peintres, écrivains… et membres de la jet-set bien sûr ! Arrière-petite-fille de Sigmund Freud, père de la psychanalyse, fille du peintre anglais Lucian Freud, Esther Freud a été marquée par Marrakech. Souvenez-vous du film « Hideous kinky » il y a quelques années réalisé par Gilles McKinnon . J’avais eu l’occasion de rencontrer les acteurs Kate Winslet et Saïd Taghmaoui. Kate Winslet venait d’achever le tournage de « Titanic » qui n’était pas encore sur les écrans. Elle se demandait quel accueil serait réservé à ce film ! Quant à Saïd, sa carrière internationale était déjà bien lancée. « Hideous kinky » était tiré du roman d’Esther Freud, publié en France sous le titre « Marrakech express ». Née à Londres en 1963, Esther mena avec sa mère et sa sœur Béa une existence hippie au Maroc dans les années soixante-dix. La traversée de la France en camping-car depuis l’Angleterre, le ferry, la douane, la panne…  L’argent manque : c’est la débrouille, la déglingue. La mère qui fait de la méditation décide de devenir soufie. Elle entraîne Esther dans son périple en camion-stop jusqu’à Alger. C’est  cette aventure qu’elle relate, avec la voix de la petite fille qu’elle était alors. Ce roman a le charme de l’enfance et de la naïveté. Le ton est juste et témoigne d’un Maroc révolu, avec des personnages hauts en couleurs. Déjà raconter des histoires était son passe-temps favori. Esther Freud a suivi des cours d’art dramatique, écrit et interprété des comédies et se consacre désormais à l’écriture.

dimanche 9 mars 2014

A Marrakech la styliste Norya Ayron

Stylisme Pop Up Shop
Le talent de Norya
Vous connaissez bien sût le « Café des épices », le
restaurant « La terrasse des épices » avec ses boutiques de
créateurs et le restaurant « Le Jardin » dans la médina de
Marrakech ! Ces lieux sont en quelques années devenus des
incontournables de la ville ocre. Eh bien, tous sont l’oeuvre
de Kamal Laftimi qui aussi est un dénicheur de talents. «
Le Jardin » étant à deux pas du Musée de Marrakech où
j’exposais mes dernières oeuvres picturales, je m’y suis
rendu quelquefois, pour déjeuner le midi dans le charme
de l’ambiance de ce riad, dans la jungle de son patio. C’est
ainsi que j’ai fait la connaissance de Norya. Styliste de
formation, Norya a exercé le métier de relation publique à
Londres, Cannes. Puis Marrakech. Sa rencontre avec notre
ami Kamal a été décisive. Lorsqu’il lui a proposé d’ouvrir Pop
Up Shop, sa propre boutique dans cette oasis du « Jardin »,
elle a dit oui aussitôt. « Ca a été une révélation, me dit-elle.
J’ai adoré reprendre le chemin des boutiques de tissus. J’ai
une réelle passion pour les belles matières». Depuis, c’est
l'effervescence : «Je me sens comme une enfant dans un
magasin de jouets.» Allez découvrir sa marque Norya Ayron,
aux lignes simples et fluides, couleurs ou noir et blanc. Après
seulement quelques mois d’ouverture, elle a déjà habillé
des actrices comme Sharon Stone ou Maggie Gyllenhall,
le rappeur Mos Deff ou le super model Nicole Trunfio… Ne
manque que vous, n’est-ce pas ?
E-Shop
www.norya-ayron.com
https://www.facebook.com/noryaayron

Tel : 00212661295990

Youness the Voice of Morocco

The Voice of Morocco
Youness
Cela fait déjà plusieurs années que je connais Youness.
Jeune, dynamique et talentueux, cet artiste est très populaire
chez nous. Il respire la joie de vivre et son enthousiasme est
communicatif. Nouvelle consécration, Youness vient de figurer
parmi les candidats de l’émission culte The Voice ! Il a même été
retenu pour les auditions à l'aveugle par deux membres du jury,
les chanteurs Mika et Garou, et il a choisi Mika comme coach.
Toujours génial lors de ses prestations, Youness a envoûté
le public qui s’est mis à danser. Une occasion de plus de faire
découvrir sa voix en Europe et dans le monde. Une grande
fierté également puisque Youness représente le Maroc ! Vous
vous souvenez combien nous avions dansé sur « Abdelkader»
? Espérons que sa reprise de ce tube du raï ressuscitera les
années black blanc beur, quand on se souvenait de la devise
française « Liberté égalité fraternité ». A écouter en boucle sur
toutes les radios en attendant le prochain album de notre star
nationale.

L'Afrique à Casablanca



Villa des Arts de Casablanca-Fondation
L’Afrique aujourd’hui par ses Artistes
Sa Majesté Mohammed VI oeuvre depuis des années avec succès
pour le rapprochement du Maroc et des autres pays africains.
Rapprochement économique bien sûr mais aussi culturel. Le
continent africain, outre ses richesses naturelles, son potentiel
humain est la source de multiples cultures, artisanat, littérature,
arts. Multiplier les échanges ne peut qu’être fructueux. D’autant
que le Maroc est historiquement un carrefour des civilisations.
Aujourd’hui, il est vital de maintenir et de développer le lien entre
l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. L’art contemporain fait
partie de ces liens. C’est ce que la Fondation Ona a bien compris.
Vous avez donc jusqu’à la fin du mois pour découvrir à la Villa
des Arts de Casablanca des oeuvres d’artistes marocains et
subsahariens à travers l’exposition African Art Makers.
Site web: www.fondationona.ma

Les nouvelles de Bahaa Trabelsi

Les nouvelles de Bahaa Trabelsi

Chaque livre de Bahaa Trabelsi est un événement dans le monde
littéraire. En 2002, « Une femme tout simplement ». Déjà, elle fustigeait
l’hypocrisie de la société, donnait un upercut avec sa franchise, sa
volonté de pointer les tabous et de les soulever. Puis vint l’année
suivante « Une vie à trois », exploration des sexualités, toujours une
dénonciation des mensonges au sein des couples, une radiographie
douloureuse des relations hommes-femmes. Et en 2004, « Slim, les
femmes, la mort ». Depuis, nous lisions les textes de Bahaa dans la
presse. Son nouveau recueil de nouvelles « Parlez-moi d’amour ! » fait
sensation. A juste titre. On y retrouve ce ton empreint de liberté qui fait
son style. Toujours ce parler vrai, ce dire vrai sans crainte de la hchouma.
Chaque nouvelle est l’occasion d’une prise de conscience, elle montre
l’individu dans la nudité de son âme et souvent de son corps, étouffé
par la société, la famille, les règles sociales. La violence des rapports
humains. A lire absolument !

Littérature marocaine 2014

Littérature marocaine
Chaque année, le Salon International de l’Edition et
du Livre à Casablanca, donne l’occasion de faire un
bilan sur la littérature au Maroc. Les animations à
l’initiative de la librairie Porte d’Anfa auront permis
de belles rencontres, comme celle de Leili Anvar
qui a présenté « Le cantique des oiseaux » de Farid
od-dîn Attar, magnifique ouvrage pour lequel elle
a traduit les textes persans. Leili Anvar a aussi écrit
un livre sur Malek Jân Ne’Mati. Présente également
l’éditrice, psychiatre et psychanalyse Ghita el Khayat
qui a au fil des années a publié dans sa maison
d’édition Aini Bennai nombre de livres qui se doivent
de figurer dans toute bonne bibliothèque. Les
deux révélations de 2014 sont à mon avis les deux
parutions que je vous présente dans ce Carnet : « Le
divan marocain » de Driss C Jaydane et « Parlez-moi
d’amour ! » de Bahaa Trabelsi. Dans des registres
très différents, deux styles sans comparaison, leurs
voix s’élèvent pour dire une vérité qui n’est pas
seulement leur vérité mais celle de toute une société
schizophrène, en proie au malaise. Que s’est-il passé
? Qu’est la société de nos parents et grands-parents
devenue ? Est-ce la fameuse transition entre
tradition et modernité qui a instauré ces névroses ?
Quelle est l’origine de ce morcellement de l’individu
qui ne trouve plus ses repères ? L’écrivain a cette
liberté d’interroger, de déranger, de dénoncer, de
mettre du sel sur les plaies. En cela, il est nécessaire
à la société, car il parle pour tous ceux qui se taisent.
Ceux qui n’osent pas. Qui ne peuvent pas. Qui ne
savent pas. Lisez ces deux ouvrages et dites-moi ce
que vous en pensez !

Roman : Le Divan Marocain de Driss C Jaydane



Le Divan marocain
de Driss C. Jaydane
Bien sûr, la lecture du premier roman de Driss C. Jaydane, « Le jour venu», au Seuil,
 vous a marqué. Découvrir un nouvel auteur est toujours
un moment fort, d’autant que les images intenses, percutantes, de
l’écrivain, sont prégnantes. C’est donc avec grand intérêt que je viens
de lire son « Divan Marocain » aux éditions Le Fennec. Jamais autant la
couverture d’un livre -réalisée par E.Calamy- qui représente un divan
devant une oeuvre de Mohamed Drissi, n’aura été autant en adéquation
avec le texte. Drissi et ses visages aux yeux exorbités, aux bouches
hurlantes. Car c’est bien des cris que hurlent les personnages de ce livre
tel « l’enfant éclaté », violé par son beau-père, meurtrier… Cris de rage
contre l’injustice sociétale, cris désespérés, cris hallucinés qui rejoignent
les couleurs et les angoisses de nombreux peintres marocains car cette
oeuvre est aussi une peinture, kaléidoscope de rouge sang, de brun, de
noir, de fauve. Révolte encore contre les faux-semblants. Ceux de ces
« bourgeoises (qui) prennent de beaux avions pour aller très loin nous
défendre ! Elles luttent pour nous, oui, à condition que ce soit dans des
palaces.» Driss C. Jaydane a raison : il faut que la douleur se libère : ce
divan psychanalytique marocain où se succèdent ces voix anonymes en
est la preuve.